« La sociologie des classes dominantes :
enjeux et renouvellements des problématiques »
Colloque en hommage à Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon
13 et 14 janvier 2011 – Paris
Université Paris Dauphine - Salle Raymond Aron
Journées co-organisées par le RT « sociologie des élites » de l’AFS,
le LaSSP de l’IEP de Toulouse, le Curapp d’Amiens et l’IRISSO de Paris-Dauphine
« Hauts fonctionnaires », « capitaines d’industries », « responsables politiques », « top managers », « think tanks », « intellectuels influents »... Les terrains et travaux sociologiques analysent volontiers les membres des classes dominantes mais distinctement. La « grande bourgeoisie » ou, si l’on préfère, « les classes dominantes », apparaissent peu tel un objet de plein droit, ne serait-ce que pour interroger la pertinence du concept, de la cause et du groupe pour tenter de comprendre dans quelle mesure ses membres pourraient s’affranchir des enjeux, règles du jeu et frontières ailleurs admises entre différents champs d’activités.
Inlassables « enquêteurs auprès de la bourgeoisie et de l’aristocratie », Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon comptent sans nul doute parmi les rares chercheurs a avoir résolument tenté de rendre compte dans le détail du fonctionnement de ce groupe social « dont la position se définit par la possession des moyens de production, qui peut aller de pair avec l’exercice du pouvoir économique, en tant que PDG par exemple, mais qui peut très bien se contenter d’une attitude rentière, assortie ou non d’une activité professionnelle » (2000).
Un colloque sur la « sociologie des classes dominantes » offre ainsi l’opportunité de saluer le travail mené par ces deux sociologues au profit d’un état des lieux sur les travaux classiques, en cours et à venir sur la grande bourgeoisie française ou internationale, sur son assise sociale, ses fondements sociaux mais aussi sur ses lignes de clivage et sur les éventuelles lignes de démarcation qui traversent les différentes fractions des « sommets de la société ».
Comité d’organisation :
Eric Darras (LaSSP) ; François-Xavier Dudouet (IRISSO) ; Julien Fretel (CURAPP) ; Sylvain Laurens (Gresco-GSPE)
PREMIERE DEMI-JOURNEESociologie des « Lieux de rencontre » :
intronisation, consécration, éviction…
* Matinée du 13 janvier *
De 9h00 à 9h30 : Introduction du colloque
Eric Darras, François Xavier Dudouet, Julien Fretel & Sylvain Laurens
Les lieux de rencontre peuvent être compris selon une double acception. D’une part, il s’agit de rendre compte du fonctionnement de lieux ou d’institutions favorisant le développement de formes d’entresoi spécifiques assurant la reproduction de la grande bourgeoisie (rituels, grandes écoles, clubs fermés, entresoi mondain mais aussi plus largement clubs de décideurs, sommets du type Davos…). D’autre part, et dans la continuité reconnaissante d’une perspective réflexive constante chez Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, le « voyage en grande bourgeoisie » pose avec une acuité particulière la question de la complexité et de la spécificité des échanges qui s’opèrent entre enquêteurs et enquêtés. Les travaux sur la haute société sont d’autant plus rares que la grande bourgeoisie « tient en respect » l’enquête en sciences sociales. Comment le sociologue peut-il alors « rencontrer » les élites, à travers quelles méthodes (exploration des bottins mondains, entretiens, ethnographie participante…) ? Cette première demi-journée s’articule autour de deux table-rondes. La première revient sur l’objet canonique des « grandes écoles » et de la socialisation. La seconde sur la notion d’entresoi.
Table ronde n° 1 (9h30 / 11h00)
Les grandes écoles entre lieux de rencontre et instances de reproduction
- Présidence de séance / Discussion : Bénédicte Bertin Mourot (CNRS / LISE)
- Jules Naudet (OSC Sciences Po CNRS) « Devenir dominant : de la découverte de l'altérité sociale à l’intériorisation des normes légitimes »
- Paul Pasquali (ENS-ETT), « Lieux et temporalités de la mobilisation des classes dominantes pour l’ouverture des grandes écoles. Un colloque rue d'Ulm ».
- Stéphanie Grousset-Charrière, (TLM Certop), « Les final clubs : la socialisation secrète des classes dominantes aux Etats-Unis »
Table-ronde n°2 (11h00 / 12h30)
Enquêter des entresois : retour sur une notion sociologique
- Présidence de séance / Discussion : Monique de Saint Martin (EHESS)
- Gildas Tanguy, (IEP de Toulouse - Lassp), L’Association de l’Administration Préfectorale : intérioriser les rites d’un grand corps d’État, cultiver un « entre soi » et apprendre son rôle de préfet de la République (1907-1940)
- Sylvain Laurens, (Université Limoges – Gresco / GSPE), « L’entresoi comme lieu de différenciations internes : polarités et principes d’opposition au sein d’un club privé du quartier européen de Bruxelles »
- Bruno Cousin (Lille 1) et Sébastien Chauvin (Amsterdam), « L’entre-soi élitaire à Saint-Barthélemy (Antilles) »
DEUXIEME DEMI-JOURNEE
« Notables, patrons, entrepreneurs, managers »
Organisation et collectivisme pratique de la bourgeoisie économique
* Après-midi du 13 janvier *
Cette deuxième journée sera consacrée aux formes contemporaines d’organisation de la bourgeoisie économique et du patronat. Elle sera l’occasion de faire le point sur les travaux en cours dans ce champ en plein essor des enquêtes sur les « élites économiques » mais aussi d’essayer de souligner les « angles morts » ou les limites des travaux actuels sur ces questions là. La deuxième demi-journée a été pensée selon deux axes. Tout d’abord, une série d’interventions autour de la façon dont on peut faire l’histoire ou la sociologie des organisations patronales, puis une réflexion sur l’articulation des modes de légitimation du patronat entre organisation locale et nationale.
Table-ronde n° 3 (14h00 à 18h30)
« Le patronat : organisations, représentations »
- Présidence de séance / discussion : Catherine Bidou (Univ. Dauphine)
- Michel Offerlé, (ENS), « Des militants du CAC 40 ? Eléments de sociologie des organisations patronales »
- Danièle Fraboulet, (Paris 13), « La mobilisation du patronat : l'exemple de la métallurgie.»
- Rémy Caveng (Université d’Amiens - Curapp), « E. A Sellière, Héraut malgré lui ? La construction de la légitimité d’E. A. Sellière à la tête du Medef »
- Daniel Gaxie et Nicolas Hubé (Paris 1 / CESSP), « Le champ du pouvoir et l’intégration européenne »
- Jean Finez (Lille 1- Clersé), « Stratégies matrimoniales et entrepreneuriales d’une famille de la bourgeoisie textile : les Tiberghien de Tourcoing »
- Hervé Joly, (CNRS / Larhra), « Ascension et reconversions d’une « grande famille » industrielle : l’exemple des Gillet à Lyon »
TROISIEME DEMI-JOURNEE
Une classe mobilisée
* Matinée du 14 janvier *
Cette troisième demi-journée sera consacrée aux modes d’organisation ou de mobilisation de la grande bourgeoisie. Organisations de défense des propriétaires, organisation de défense de tel ou tel quartier, recours au prétoire ou aux médias, participation et mobilisation politiques, vote, lobbying… Cette table ronde donnera bien sûr la parole aux chercheurs travaillant sur les institutions permettant la défense des intérêts de classe de la grande bourgeoisie dans leurs dimensions économiques et spatiales. Mais elle se donnera aussi pour objet les formes de mobilisation plus localisées et moins durables de ces groupes sociaux face à l’Etat ou « dans l’Etat » : contournement de l’impôt, négociations autour des classements en « patrimoine historique », rapport historique de la grande bourgeoisie aux « grandes écoles »... Des contributions mettant en exergue les relations entre institutions partisanes, syndicales ou militantes et grande bourgeoisie et plus généralement les rapports entre l’Etat et ce groupe social seront également présentées.
Table-ronde n° 4 (8h30 / 10h00)
Questions d’argent : maintien et défense d’un patrimoine économique
- Présidence de séance / discussion : Julien Fretel (Amiens / Curapp)
- Alain Quemin (Paris Est), « Des commissaires-priseurs aux responsables de sociétés de ventes aux enchères : modalités et effets d’une mobilisation d’élites. »
- Valérie Larrosa (IEP de Toulouse / Lassp), « Transmission, conservation, valorisation du patrimoine économique: usages et instrumentalisation du droit par les dominants ».
- Alexis Spire (CNRS CERAPS), « Un grand bourgeois face au contrôle fiscal : le rapport à l’impôt des catégories dominantes »
- Geoffrey Geuens (Université de Liège), « Le petit monde des grandes entreprises belges : conseils d’administration, consanguinité et « collectivisme pratique » »
Table-ronde n°5 (10h00/11h30)
Fiefs et dimension spatiale des mobilisations de la bourgeoisie
- Présidence de séance / discussion : Frédéric Lebaron (Amiens / Curapp)
- Sylvie Tissot (Univ. Strasbourg / GSPE), « L'intérêt au désintéressement des couches supérieures: Amour et contrôle de la diversité dans un quartier gentrifié de Boston ».
- Céline Bessière (Paris-Dauphine, IRISSO), « L’étude de la grande bourgeoisie : un modèle d’analyse pour étudier les transmissions d’entreprises familiales viticoles ».
- Eric Agrikoliansky, Jérôme Heurtaux et Brigitte Le Grignou (Paris Dauphine / IRISSO), « Une classe mobilisée ? La campagne des élections municipales de 2008 dans le XVIe arrondissement de Paris ».
Table ronde n° 6 (11h30 à 13h00),
« Une classe sans frontières ? Rapport au national
et à la transnationalité des classes dominantes »
- Présidence de séance / discussion : Jean-Pascal Daloz (CNRS, Oxford)
- Anne-Catherine Wagner (Paris 1), « Circulations internationales et élites : la notion de capital cosmopolite »
- Didier Georgakakis (IEP Strasbourg / GSPE), La fin d'un Stand transnational ? Les hauts fonctionnaires européens aux prises avec le managerialisme international
- Maryse Ramambason-Vauchelle, (GSPE/CERCEC), Les « Novarichs » : Naissance d’une nouvelle bourgeoisie russe ?
QUATRIEME DEMI-JOURNEE
« Les réceptions d’une œuvre : aller- retours entre sujets et objets»
Après-midi hommage à Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon
* Après-midi du 14 janvier *
De 14h30 à 19h,
- Présidence de séance / discussion : Eric Darras (IEP Toulouse / Lassp)
Cette dernière table ronde, que les organisateurs ont décidé d’exclure de l’appel à communication afin de pouvoir inviter celles et ceux qui ont eu l’occasion de croiser la route de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, sera l’occasion de revenir sur une triple réception des travaux de ces derniers : d’abord avec leurs « enquêtés privilégiés » sans lesquels rien n’eut été possible, ensuite avec les journalistes qui ont pu différemment contribué à la valorisation plus ou moins « réussie » de leurs travaux, enfin avec les lecteurs invités à cette occasion à prendre une part active au débat et au colloque. L’idée étant d’initier une discussion libre et ouverte, plus informelle sans doute, avec tous ceux, parmi les volontaires, que Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon ont pu rencontrer et avec qui, pour différentes raisons, ils ont tissé des liens tant affectifs qu’intellectuels.
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Mis en ligne par Sylvain Laurens