Appel à com Congrès AFS

Réseau Thématique « Sociologie des élites »

Congrès de l’AFS – « Création(s) et innovation(s) »
Grenoble - Juillet 2011

PROGRAMME FINAL


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** Session 1 (mardi 5 juillet 2011 - 14h30/16h30 en IEP 14)

« Innovation », « certifications », « éthique » : les nouvelles formes de légitimation de l’entrepreneuriat (1) (animation : Sylvain Laurens)

Isabelle Bruno, « Le Malcolm Baldrige National Quality Award : des gourous aux missionnaires de la qualité »

Marylene Lieber, Ellen Hertz, « La promotion de la responsabilité sociale des entreprises dans l’industrie électronique en Chine : les programmes dits de ‘capacity building’ »

Valérie Boussard, Sylvain Thine, « La professionnalisation comme nouvelle forme de légitimation des élites financières? Un cas français de création d'une certification professionnelle dans le secteur financier ».

Déborah Flusin-Fleury, « La promotion des entreprises publiques en Europe par la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) : retour sur la création du label européen Discerno ».

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** Session 2 (mardi 5 juillet 2011 - 17h/19h en IEP 14)

« Mérite », « excellence », « parité », « intégrité »… : les nouvelles formes de légitimation de l’entrepreneuriat (2) (animation : Frédéric Lebaron)

Odile Henry, « L'invention du management à la française au cours de la première moitié du 20e siècle: de la revendication méritocratique à la légitimation de l’autorité patronale »

Gaetan Flocco, Frédéric Rey, « « Il faut faire preuve de pédagogie » : les clubs patronaux comme instruments de renouvellement de la légitimité patronale »

Soline Blanchard, Isabel Boni, « Les négos du quota : prétendantes à la cour et cour(s) des grands (patrons) »

Dominique Connan, « Du discours de l’intégrité professionnelle à la charité organisée : le renouvellement des pratiques d’autonomisation et de légitimation des élites économiques au Kenya »

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** Session 3a (mercredi 6 juillet 2011 - 14h30/16h30 en IEP 14)

Grandes écoles (animation : François-Xavier Dudouet)

Gérald Houdeville, « Innover en matière de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) : une revendication sous contraintes de l'enseignement privé sous contrat de l'Académie de Nantes »

Aline Courtois, « Growth into privilege : l’apprentissage des positions dominantes dans les collèges privés irlandais ».

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** Session 3b (mercredi 6 juillet 2011 - 14h30/16h30 en IEP C)

Jeux d'acteurs autour des savoirs experts et/ou innovants. Session conjointe avec les RT 27 et RT 29. Expertises sous influences ? (animation : Yvon Lamy)

Thierry Brugvin L’influence des fondations privées sur l’orientation politique des organisations internationales publiques (ONU, OMS)

Vincent Gayon Innover dans la crise. Les experts de l'OCDE et la « crise » du keynésianisme (1970-1980)

Harold Mazoyer Approche socio-historique du processus de légitimation d’une nouvelle spécialité scientifique. L’économie des transports et ses demandes sociales (1959-1972)

Emmanuel Henry, Claude Gilbert, Jean-Noël Jouzel Interroger les dépendances des experts dans les processus d’expertise

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** Session 4 (mercredi 6 juillet 2011 - 17h/19h en IEP 14) Bureau du RT 42

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** Session 5a (jeudi 7 juillet 2011 - 14h30/16h30 en IEP 14)

Déclassement / reclassement / ethos de classe (animation : François Sarfati)

Vincent Chapon Les enfants en situation de non réussite scolaire dans les classes dominantes : déclassement réel ou tri dans les postures de domination ?

Ludivine Vanthournout La suppléance parlementaire : voie de reproduction ou de renouvellement de l’élite parlementaire ?

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GT 42 Session 5b (jeudi 7 juillet 2011 - 14h30/16h30 en IEP 21) « Mécénat », « auto-entreprenariat », « philanthropie »… : les nouvelles formes de légitimation de l’entrepreneuriat (3). Session conjointe avec le RT 35 (animation : Anne Bory)

Sarah Abdelnour Le régime de l’auto-entrepreneur pour « absorber la misère du monde » salarial ? Les justifications sociales d’un nouveau régime de création d’entreprise.

Hélène Stevens « Devenir entrepreneur de soi-même » ou le succès d’accords politiques improbables.

Maïa Drouard Administrer la Fondation du patrimoine. Dispositifs de production d'un sens commun.

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** Session 5c (jeudi 7 juillet 2011 - 14h30/16h30 en IEP C)

Jeux d'acteurs autour des savoirs experts et/ou innovants. Session conjointe avec les RT 27 et RT 29. De nouveaux savoirs comme instruments de pouvoir (animation : François-Xavier Dudouet)

Fabrice Bardet, Aisling Healy Les élites urbaines et les promesses des palmarès internationaux des villes. Lyon à la conquête du « Top 15 » européen

Stanislas Morel La réinvention de l’« échec scolaire » par les sciences sociales au tournant des années 1970.

Antoine Derouet L'enseignement de l'innovation entre grammaire élitaire et discours de légitimation

Simon Paye Réguler l’innovation ou les carrières ? Le Research Assessment Exercice dans les universités Britanniques.

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** Session 6 (vendredi 8 juillet 2011 - 13h30/15h30 en IEP 14) Fonctionnaires internationaux, le public à l’international (animation : Aisling Healy)

Meryll David-Ismayil L’arrivée du « Tiers-Monde » au sein de « l’élite de l’élite », ou comment les fonctionnaires de l’UNESCO ont accueilli leurs collègues du Sud

Vincent Lebrou Un « ghetto pour eurocrates » ? La mobilisation de la figure du manager international dans le processus de création de l’école européenne de Strasbourg.

Marie Brossier, Emmanuelle Bouilly Figures et trajectoires de la distinction sociale en Afrique contemporaine: pour une étude comparée du phénomène de notabilité au Sénégal Auteur non communicant : BOUILLY Emmanuelle

Ivan Chupin L’international comme nouvelle marque distinctive dans l’espace de formation au journalisme


Pour le programme général : http://www.afs-socio.fr/formLivreProgRT11N.php



Appel à communications

Les manuels classiques de sociologie le rappellent à tout-e sociologue débutant-e : entre « fascination pour l’objet » et « dénonciation tous azimut », la sociologie de la bourgeoisie ou des classes dominantes court souvent le risque de passer « à côté » de son objet. Entre « effet d’imposition » et « violence symbolique », le risque est sans doute redoublé lorsqu’il s’agit d’analyser le rapport « des élites » (une notion qui peut inviter à naturaliser les positions sociales dominantes) à « la création et l’innovation » (deux termes qui évoquent « le changement » mais que peuvent mobiliser régulièrement les acteurs sociaux pour légitimer leurs positions et leurs intérêts immédiats pourtant constants).
Afin de contourner ce double piège épistémologique, le choix a été fait de décliner notre appel à communications en trois axes. Dans le premier axe, nous invitons les participants à prendre les discours sur la création et l’innovation pour objet. Dans les deux derniers axes, nous invitons les participants à considérer les termes « d’innovation » et de « création » comme des synonymes de « transformations » ou de « changements objectifs » observables par le sociologue.

Axe 1 : « Innovation », « éthique », « environnement », « économie sociale »… : les nouvelles formes de légitimation de l’entreprenariat

Cette première table-ronde sera consacrée aux formes contemporaines de légitimation de l’entreprenariat et du patronat. La mise à l’honneur de la thématique de l’innovation et de la création sera ici l’occasion de s’inspirer des travaux de Boltanski, Chiapello et Thévenot sur les nouvelles formes de légitimation des activités économiques et « Le nouvel esprit du capitalisme » en s’interrogeant sur les formes contemporaines de justification et de promotion de l’entreprise.
Cela permettra de revenir sur l’effacement des terminologies anciennes au profit de nouvelles : disparition du patron au profit de l’entrepreneur, promotion dans les manuels de management de « l’acteur en réseau » susceptible de mener à bien « des projets », valorisation de « la mobilité », « des compétences » du travailleur…
Si l’analyse de corpus de textes est bien sûr une méthode pertinente afin de rendre compte de cette actualisation permanente du vocabulaire entrepreneurial, la priorité sera surtout donnée aux propositions de communication montrant comment ces formes de légitimation s’incarnent également et avant tout dans des dispositifs concrets : produits financiers supposés « éthiques », prix promouvant les entreprises « vertes », salons de « l’auto-entrepreneur », manuels mettant en valeur « l’économie sociale et solidaire », sociologues du travail ou des organisations promouvant « le management par les compétences », cabinets de conseil en « négociation sociale »…
On l’aura compris plus que les simples discours ou formes rhétoriques, ce sont bien les institutions et les acteurs promouvant un « nouvel esprit d’entreprise » qui seront ici pris pour objet d’analyse et de discussion.

Axe 2 : La formation et la reproduction des élites entre innovations et changements

Longtemps la formation des élites en France a été étroitement associée au système des grandes écoles et, partant, à l’Etat qui en était le principal ordonnateur et bénéficiaire. Ainsi, l’étude de la formation des élites pouvait facilement tendre à une sociologie de l’Etat, notamment de ses administrations centrales.
Différents processus semblent cependant remettre en cause ce modèle ces dernières années. Tout d’abord, le service de l’Etat apparaît de moins en moins recherché, moins longtemps du moins, par les nouveaux membres des grands corps qui pantouflent de plus en plus tôt et de façon de plus en plus définitive. Ensuite, on observe un fort phénomène d’autonomisation des grandes Ecoles vis-à-vis des grands corps : remise en cause du principe de la « botte », concours de sortie, évolution des enseignements sans concertation avec les ministères de tutelle, focalisation des partenariats sur les universités américaines… Parallèlement à celà, les grandes écoles de commerce qui occupaient une position relativement marginale dans l’univers des grandes écoles tendent à être de plus en plus reconnues, souvent en association avec une autre grande école comme l’ENA. Enfin, le développement des cursus à l’étranger (notamment dans les universités anglo-saxonnes), la montée en puissance des disciplines de gestion (dans les écoles de commerce comme à l’Université) et l’affaiblissement de certaines formations traditionnelles (telles que les cursus de droit) contribuent à une redistribution des ressources et des positions dans l’univers scolaire.
A quoi correspondent ces tendances ? Assiste-t-on à un renouvellement des élites françaises ou, plutôt, à leur adaptation aux bouleversements du moment : le retrait de l’Etat, l’essor de la finance privée et la mondialisation ?
On pourra alors notamment interroger les spécificités d’une formation opérée par les grandes écoles, au regard des formations d’autres élites nationales, européennes et internationales ou encore locales, notamment dans un contexte de circulations d’une échelle à une autre.
En ce sens, on s’intéressera à la diversité et aux redéfinitions des types de ressources qui contribuent à la production des élites comme les origines sociales, la détention du capital économique et culturel, les parcours et relations à l’étranger, les disciplines scientifiques maîtrisées, les premières expériences professionnelles valorisées, etc.
Enfin on pourra se demander dans quelle mesure les politiques de discriminations positives (quotas de femmes sur les listes électorales et dans les conseils d’administration) viennent ou non troubler les circuits classiques de production des élites.

Axe 3 : Elites et stratification sociale : entre reproduction conforme et nouvelles formes de mobilité sociale
Ce troisième et dernier axe de discussion aura pour objet les nouvelles formes de stratification sociale au sein des groupes dominants, et les processus de mobilité qui les caractérisent, en étendant l’analyse à une perspective « globale » ou internationale.
Il s’agira tout d’abord de se demander dans quelle mesure les modalités « traditionnelles » de reproduction des catégories dominantes (transmission de dispositions familiales et de patrimoine, socialisation dans des univers distinctifs, etc.) sont ou non affectées par les dynamiques socio-économiques en cours : mondialisation de l’économie et en particulier « émergence » de nouvelles élites nationales, crise financière et remise en cause de la domination occidentale, renforcement de la concurrence scolaire nationale et internationale, diffusion de nouveaux biens culturels (notamment du fait de l’innovation technologique) et transformation des styles de vie. La reproduction des positions fondée sur la famille, son patrimoine, ses valeurs, est-elle plus forte que jamais ou, au contraire, diverses nouvelles logiques sont-elles susceptibles d’en atténuer la centralité ?
On se demandera également dans quelle mesure l’accès aux positions dominantes, en France et dans d’autres pays, s’est « refermé », ou au contraire « ouvert », durant la dernière période, en spécifiant les éventuelles différences intersectorielles : observe-t-on, par exemple, une fermeture de l’accès des catégories populaires aux positions politiques dirigeantes, un resserrement de la base de recrutement des grandes écoles (et lesquelles ?), l’apparition et l’affirmation dans l’univers économique de nouvelles élites salariées « méritocratiques » à très hauts revenus (traders, sportifs de haut niveau, artistes grand-public, etc.) ? Quels sont les secteurs les plus « ouverts » et, à l’opposé, les plus « fermés » à l’accès de « nouveaux entrants » ?
Des analyses quantitatives portant sur l’évolution des inégalités de revenus, de patrimoine, mais aussi sur celle des différenciations sociales en matière de consommation et de style de vie au sein des groupes dominants permettront de dégager les grandes tendances caractéristiques des relations entre les différentes fractions ou secteurs : montée en puissance des élites de la finance depuis les années 1980, déclin relatif de la haute fonction publique, du monde universitaire et intellectuel, transformation des « valeurs sociales » au profit des élites économiques et managériales. Elles permettront aussi de discuter de la réalité des différenciations internes croissantes au sein de chaque secteur, de leur nature et de leurs causes : effet des politiques de concurrence, des nouvelles formes de rémunération et de gestion des carrières, etc.
Une attention enfin pourra être portée aux enjeux méthodologiques de ces différentes questions. Comment mesurer la mobilité et les inégalités au sein de groupes en apparence parfois homogènes ? Comment rendre compte de l’apparition de nouveaux clivages et « barrières » internes ? Comment décrire et mesurer les ressources inégales sur lesquelles peuvent s’appuyer les différents groupes sociaux ?

Les propositions de communication peuvent être envoyées à Sylvain Laurens qui se charge de centraliser les propositions pour le bureau du RT sociologie des élites (sylvainlaurens@free.fr)